GEGRÜNDET 1927
METROPOLIS, FREITAG, 29. MäRZ 2024
98. JAHRGANG
Metropolis in Switzerland

Based on news clippings from the Journal de Genève, Metropolis was first screened on March 25th 1927 during a gala premiere at the Alhambra Theatre in Geneva; the film censors had cleared the film on March 14th.


JOURNAL DE GENEVE DU MERCREDI 16 MARS 1927
P. 4

On nous communique qu'après examen, le Département de justice et police a autorisé, en date du 14 courant, les représentations du film allemand Metropolis, qui doit être donné à l'Alhambra.

JOURNAL DE GENEVE DU VENDREDI 18 MARS 1927
P. 5

Spectacles annoncés
Alhambra-Cinéma. - Vendredi 25 mars, "Metropolis".

JOURNAL DE GENEVE DU SAMEDI 19 MARS 1927
P. 3

Alhambra
Vendredi 25 mars: 1re de gala du formidable film allemand de l'Ufa METROPOLIS

JOURNAL DE GENEVE DU VENDREDI 25 MARS 1927
P. 6

Alhambra - "Metropolis". 3 matinées (samedi, dimanche et jeudi).

JOURNAL DE GENEVE DU VENDREDI 25 MARS 1927
P. 6

A propos d’un grand film allemand

Ce qu’il faut dire de METROPOLIS

L'Alhambra qui s'honore de pratiquer l'éclectisme le plus absolu dans le choix de ses spectacles, a offert à la curiosité intelligente du public genevois les productions cinématographiques les plus illustres de France et d'Amérique. Il soumettra à partir de vendredi aux fervents de l'écran, le chef-d'oeuvre de la production allemande: "METROPOLIS" transposition formidable et déconcertante de la plus haute pensée humaine sur le plan cinégraphique.

Dans cette oeuvre d'avant-garde inspirée par l'amour de l'humanité, le grand metteur en scène FRITZ LANG a déployé toutes les ressources de son immense talent aidé par les plus troublantes découvertes de la science. Abordant l’angoissant problème du confit des classes sociales, Fritz Lang nous montre dans "Metropolis" (ville de l'avenir), les ultimes convulsions de cette lutte qui s'éteint dans un généreux élan de fraternité.

"METROPOLIS" marque une date dans l'évolution de l'art cinégraphique. Jamais thèse aussi audacieuse ne fut vulgarisée avec tels moyens techniques.

Toutefois il convient de prévenir le public et de lui dire en toute franchise:

"Si la conception habituelle des oeuvres cinégraphiques suffit à votre idéal, si vous exigez le le spectacle mille fois renouvelé des scènes de la vie courante, ne vous dérangez pas pour "Metropolis", ce film n'est pas pour vous.

Mais, si le développement croissant du cinéma vous intéresse, s'il vous plaît de contempler, comme dans un miroir magique, là grande cité de siècles futurs, si la pensée du bonheur pour tous vous émeut. Vous viendrez voir "METROPOLIS"

Peut-ĂŞtre n'aimerez-vous pas cette oeuvre puissante qui ne ressemble Ă  rien de ce que vous avez vu.

Mais vous vous souviendrez que d'autres films d'avant-garde ont provoqué les mêmes appréhensions et furent cependant mis au rang des chefs-d'oeuvre tels: "Le Dr Caligari", "Les 3 lumières", etc.

Par sa haute tenue philosophique, par sa réalisation grandiose, "Metropolis" vous surprendra.

Onze mille personnages s'agitent dans cette oeuvre colossale, dont le prix de revient dépasse sept millions de marks-or.

C'est le film le plus considérable réalisé jusqu'ici en Allemagne.

Aussi avons-nous pensé que quelle que soit l'audace de sa conception et si fantastique que puisée paraître cette vision hallucinante de la vie future, l'ALHAMBRA se devait et devait à son public si averti et si intellectuel de présenter une oeuvre de génie.

AVIS IMPORTANT

Par suite d'engagements antérieurs. "Metropolis" ne pourra pas être donné plus de 7 jours, même en cas d'affluence.

JOURNAL DE GENEVE DU LUNDI 28 MARS 1927
P. 5

De film en film

Nous ne pensons pas qu'il faille considérer dans Métropolis (Alhambra) beaucoup autre chose que la réalisation. Les Idées conductrices de l'oeuvre ne sont pas absolument originales et flottent dans l'air. Semblables ou analogues on les retrouve dans ces romans d'anticipation à la mode qu'ont signés, entre autres, Wells, Jack London, Claude Farrère, etc. L'idée, par exemple, du peuple esclave asservi aux machines. Elle est d'ailleurs discutable en ce sens que le progrès du mécanisme élève plutôt l'ouvrier, le développes et, en tout cas, lie doit pas nécessiter de sa part un effort physique plus terrible que celui des foules antiques attelées aux blocs de granit. Plus la machine se perfectionne, plus son fonctionnement devient aisé, par le miracle d'une mallette ou d'un bouton et les victimes de l'ordre social futur ne doivent pas être les mécaniciens. Quoi qu'il en soit et si le principe est faux, l'expression des masses opprimées est admirable dans le rythme stylisé avec lequel des hommes, uniformément vêtus pour qu'il ne subsiste en eux rien d'individuels marchent au travail ou en sortent accablés, Leurs épaules courbées, leurs têtes basses font d'eux d'autres martyrs que ceux qui se rendaient autrefois au supplice, les yeux levés vers nu suprême espoir. Passant du point de départ du film à ses conclusions, nous nous trouvons en face d'un symbole bien usé: celui du coeur reliant le cerveau et les mains, On se demande si cela arrangera grand'chose. Mais la gloire de ce film est d'avoir chanté avec une si prodigieuse éloquence le chant de la machine et sa beauté redoutable; d'avoir édifié cette cité future avec une audace et un bonheur dont on reste confondus. Que le postulat apparaisse plus ou moins vraisemblable ou possible, il n'en est pas moins réel que l'homme. Qui développe de Jour en jour son outillage, se trouve peu à peu modifié par ses propres découvertes; que nul ne sait ce qui surgira de l'avenir et que le cinéma se devait de rendre visuelles les modernes imaginations, On lie pouvait apporter à cet effort plus d'effarant métier, mais aussi d'arts que ne l'a fait Fritz Lang, l'auteur des Niebelungen. Un être artificiel, chimiquement fabriqué, ce qui rappelle Le singe de Maurice Renard, tient une place importante dans Métropolis. Il fallait ce but maudit: la création de la femme machine pour affoler le laboratoire, y déchaîner des mouvements trépidants, des cercles de feu, des courants livides, tandis que dans les cornues et les éprouvettes bouillonnent les liquides générateurs. A noter encore des visions oppressantes de multitudes dans cette oeuvre si curieuse que tout le monde voudra voir.
(...)

J. Ct.

2009-02-25

Journal de Genève 1927-03-16 page 4.
Journal de Genève 1927-03-19 page 3.
Journal de Genève 1927-03-25 page 6.
Journal de Genève 1927-03-28 page 5.
Hauptredaktion - Neuer Turm Babel - Metropolis